La loi sur la santé au travail : le préventif plutôt que le curatif
Les députés ont adopté le 17 février 2021 une proposition de Loi visant à renforcer la prévention de la santé au travail.
Le système actuel montre ses limites notamment dans la prévention de la désinsertion professionnelle des personnes ou la prise en charge des personnes atteintes de maladies chroniques ou des affections de longue durée en milieu professionnel. La philosophie du texte est de privilégier une « culture de la prévention » par rapport à la logique de « réparation » de l’accident du travail qui prévaut actuellement.
Les principaux points de la réforme sont repris ci-après.
1-Priorisation de la prévention de la santé au travail
Les « services de santé au travail » deviennent les « services de prévention de la santé au travail » et voient leur champ d’action élargi. Au chapitre de leurs nouvelles missions : l’évaluation et la prévention des risques professionnels dans l’entreprise, les actions de promotion de la santé sur le lieu de travail (dont les campagnes de vaccination et de dépistage) et de sensibilisation aux bienfaits de la pratique sportive.
Le texte inscrit également dans la loi le document unique d’évaluation des risques professionnels (le DUERP) qui répertorie l’ensemble des risques professionnels auxquels sont exposés les travailleurs au cours de leur carrière.
2-Création de cellules de prévention du risque de désinsertion professionnelle
Des cellules de prévention du risque de désinsertion professionnelle vont aussi voir le jour au sein des services de prévention de la santé au travail. Leur objectif : mieux accompagner les personnes vulnérables ou en situation de handicap et leur proposer, le cas échéant des mesures d’aménagement ou de transformation de leur poste de travail, voire les orienter via une réorientation professionnelle avec le CPF de transition professionnelle.
3-Création d’un « passeport prévention »
Est aussi évoquée la mise en place d’un passeport prévention pour tous les salariés et les apprentis, qui serait accessible sur la plateforme « Mon compte formation ». Sa finalité : valoriser le travailleur et, surtout, éviter de lui faire suivre des formations déjà réalisées en matière de prévention et de santé au travail.
4-Suivi amélioré pour les non-salariés et les chefs d’entreprise
Tout comme les salariés du privé ou les agents de la fonction publique, les intérimaires et les salariés d’entreprises sous-traitantes ou prestataires pourront également être suivis par le service de prévention et de santé au travail de l’entreprise utilisatrice ou donneuse d’ordre. Ce suivi concernera également les travailleurs indépendants et les chefs d’entreprise.
5-Visite médicale de mi-carrière
La proposition de loi instaure une visite médicale de mi-carrière qui se déroulera lorsque le travailleur atteindra 45 ans. Cependant, le texte donne une latitude aux branches professionnelles, qui pourront elle-même fixer l’âge de cette visite dans un accord. Ce rendez-vous médical a pour but de vérifier l’adéquation entre le poste de travail et l’état de santé du salarié, de le sensibiliser aux problématiques du vieillissement au travail et d’évaluer les risques de désinsertion professionnelle.
6-Amélioration de l’accueil du salarié de retour après une longue absence
Pour mieux accompagner la reprise du travail après une longue absence, une visite auprès du médecin du travail sera organisée pour les salariés de retour de congé maternité ou d’une absence de longue durée due à une maladie ou à un accident du travail.
7-Collaboration accrue entre médecine du travail et médecine de ville
Pour pallier le manque de médecins du travail, le texte prévoit de faire appel à des médecins de ville « correspondants ». Ces derniers devront évidemment être formés à la médecine du travail et pourraient donc assurer le suivi des salariés.
Par ailleurs, les médecins du travail sont appelés à travailler plus étroitement avec leurs confrères de médecin de ville. Ainsi, si le travailleur donne son accord, le médecin et l’infirmier du travail pourra accéder à son dossier médical partagé, et, réciproquement, les professionnels de santé « de ville », pourront disposer des informations contenus dans son dossier médical en santé au travail.
Enfin, la coopération entre médecins, infirmiers en santé au travail, kinésithérapeutes, psychologues, ingénieurs en prévention, ergonomes, ergothérapeutes et assistants sociaux va être renforcée au sein des entreprises. Et ce, afin d’optimiser l’évaluation et la prévention des risques au travail.
Selon le calendrier annoncé, cette proposition de loi, qui doit à présent être examinée par le Sénat, doit entrer en vigueur au plus tard le 31 mars 2022.
Source :
Hello Work Place du 1/3/2021